Le débat des livres

Préparation - 1 heure à 1 heure 30 minutes

Note pour les animateurs : importance de l’accueil et des rituels d’entrée et de sortie de l’activité (nous y reviendrons ailleurs).
Il n’est pas forcément aisé d’animer un débat avec des enfants : il est conseillé aux animateurs de le faire avec un groupe d’enfants qu’ils commencent au moins à connaître, et avec des enfants qui sont un minimum à l’aise avec l’objet livre.
Un animateur peut commencer à lire l’histoire et inviter ensuite des enfants à lire au groupe la suite. Il est cependant important que les enfants lisent l’histoire clairement à haute voix avec un minimum d’erreurs, en mettant le ton afin que la compréhension de ceux qui écoutent soit maximale. Pour cette activité, il faut favoriser une lecture compréhensible plutôt que de faire lire tous les enfants. L’animateur aide les enfants qui lisent, les encouragent, les félicitent. S’ils doivent rectifier des erreurs, ils le font avec tact et bienveillance.
La durée des débats doit être courte, entre dix et trente minutes, selon l’âge et la capacité d’attention des enfants.
Il est fortement recommandé pour animer un débat d’être au moins deux animateurs : l’un qui se concentre sur l’animation même du débat (la distribution de la parole, les questions, les reformulations), un autre plus en recul, qui observe les réactions des enfants et fait signe à son collègue si un enfant souhaite s’exprimer sans oser le dire, etc.
Durant le débat, les animateurs questionnent, distribuent la parole avec équité, reformulent, rebondissent sur les réponses, re-questionnent, relancent, etc.
Ils font respecter un cadre d’échanges respectueux, font appliquer des règles d’écoute et de bienveillance. Si des enfants ne demandent pas la parole, les animateurs peuvent les solliciter pour avoir leur avis, mais sans insister s’ils sentent que les enfants ne souhaitent vraiment pas prendre la parole, ni bien sûr les forcer.
Dans cet exercice qui demande une part de prise de risque aux élèves, les animateurs doivent mettre ceux-ci en confiance, les encourager, accorder de l’importance à leurs propos, s’intéresser à ce qu’ils veulent dire, ne pas stigmatiser l’utilisation d’un terme erroné, etc.

Quelques exemples de reformulations :

• Tu sembles vouloir dire que…
• Si je comprends bien, tu es en train d’affirmer que…
• J’ai l’impression que…
• Est-ce que ça aiderait si je reprenais ce que tu viens de dire ainsi : « … »

Quelques exemples de relances :

• Que se passerait-il si… ?
• On pourrait se dire que…
• Est-ce que vous êtes d’accord avec lui/elle ?
• D’après ce qui vient d’être dit, est-ce que… ?
• Et toi, qu’en penses-tu ?

Les animateurs choisissent un livre qu’ils ont lu, racontant une histoire (un roman, une BD, un album) dont il leur semble qu’elle peut être sujette à débat.

Ils préparent ensuite le débat : quelques questions générales, de compréhension, puis ils choisissent un axe de débat (comprendre les choix d’un personnage, sa personnalité, chercher les valeurs qui sous-tendent l’histoire, discuter des choix de l’auteur, etc.).

Enfin, les animateurs aménagent la salle de façon à ce que les enfants et les animateurs soient assis en cercle (si possible sans table au milieu, afin de ne pas entraver les échanges) : par exemple, au sol sur un tapis, avec des coussins.

Lancement - 10 minutes

Les animateurs accueillent les enfants et mettent en place le rituel de début de séance.

Plus de détails sur les rituels dans la fiche outils Les rituels.

Ils expliquent ensuite le but de l’activité aux enfants : écouter une histoire et en débattre entre eux.

Déroulement - 20 à 45 minutes

Les animateurs lisent l’histoire aux enfants (selon leur aisance et leur envie, ce peut être des enfants qui la lisent aux autres enfants).

Ensuite, ils donnent aux enfants les règles du débat : pour prendre la parole, les enfants doivent avoir le livre en mains (c’est le « bâton de paroles »). Ils doivent s’écouter, ne pas se couper la parole, ne pas se moquer des autres et de ce qu’ils disent, ont le droit de ne pas être d’accord avec ce qui est dit…

Les animateurs commencent à échanger avec les enfants de manière informelle tout d’abord, avec des questions de compréhension : qu’ont-ils compris du texte ? Le but est de lancer une dynamique d’échanges autour du texte, de partager une compréhension commune du texte, de resituer l’histoire dans son contexte, d’éviter les contresens… afin de dialoguer à partir d’une base commune.

Puis, on interroge le ressenti des enfants : « Qu’est-ce qui vous a plu dans l’histoire, quel est votre passage préféré et pourquoi ? » « Qu’est-ce qui vous a déplu dans l’histoire, quel est le passage que vous avez le moins aimé et pourquoi ? » « Quelles émotions avez-vous eues ? La peur, le plaisir, la surprise, le dégoût, la joie, la tristesse, etc. et pourquoi ? » Pour cette partie, il est recommandé de faire s’exprimer tous les enfants, sans contrainte.

Ensuite, on se focalise sur une question précise : « Pourquoi le personnage a-t-il fait cela ? » « Que ferais-tu si tu étais à sa place et pour quelles raisons ? » « Quel personnage aimerais-tu être dans cette histoire et pourquoi ? »

Et en fonction de ce que les enfants vont répondre, de nouvelles questions peuvent émerger. Les animateurs ne doivent pas hésiter à suivre ce chemin, s’ils se sentent capables de cadrer le débat.

Clôture - 10 à 20 minutes

Lorsque l’attention des enfants se relâche, ou que les prises de parole se font plus rares, les animateurs proposent aux enfants de reprendre les grandes idées, divergentes ou convergentes, qui ont émergé. L’animateur qui était plus en position de recul accompagne les enfants dans cette synthèse.

Les animateurs peuvent aussi demander aux enfants ce qu’ils ont pensé du débat, afin de favoriser la pensée réflexive.

Les animateurs peuvent proposer aux enfants d’emprunter le livre qui a été lu pour le relire chez eux, ou d’autres livres dont les histoires posent des questions similaires.

À la fin de l’activité, les animateurs demandent aux enfants de ranger les livres (ils peuvent les classer par couleur, par exemple) et mettent en place le rituel de sortie.

Variantes et suites possibles

Les animateurs peuvent aussi questionner les enfants sur l’auteur : « Pourquoi l’auteur a-t-il décidé de finir l’histoire de telle façon, à votre avis ? » « Pourquoi a-t-il choisi un personnage principal avec ces caractéristiques ? » « Qu’auriez-vous choisi à sa place et pourquoi ? » L’esprit critique sera plus travaillé dans ce cas.

Les animateurs peuvent aussi choisir une histoire qui résonne avec une actualité internationale ou sociale (un séisme, un exploit, une guerre…) et faire avec les enfants le lien avec l’actualité. Dans ce cas, il est recommandé de faire attention aux histoires personnelles des enfants pour ne pas réveiller le traumatisme d’un enfant que l’on ne saurait pas prendre en charge dans le cadre de l’activité.

Choisir avec les enfants une thématique, une valeur, une position éthique (ou bien une « morale ») que l’on souhaite aborder et, imaginer une histoire (avec ses personnages, ses péripéties…) qui lui correspond.

Si l’on a la possibilité de sortir, on peut aller au cinéma avec les enfants, ou simplement projeter un film sur place si l’on en a les moyens techniques, et tenir le débat à la suite du film.

Ressources pour aller plus loin

La pratique de la philosophie à l’école primaire – Oscar Brenifier :

http://www.occe.coop/~ad01/IMG/pdf/Pratique_de_la_philosophie_par_oscar_brenifier.pdf

Eduscol : entraîner les élèves à l’expression orale et, le moment venu, à l’expression écrite :

https://eduscol.education.fr/pid31436/entrainer-les-eleves-aux-activites-d-expression.html